Timide printemps

La jeune fille est belle, d’une beauté si discrète et d’autant plus charmante à la lumière presque pâle, presque dorée du printemps. Il la regarde, avec son grand pull de gros tricot rouge qui l’habille, elle si frêle, si délicate alors que, comme décor, les feuilles nouvellement vertes lui sont complémentaires.

Lui, assis, frigorifié, avec son ventre qui s’avachit sur ses cuisses, désespère de cette jeunesse invécue et déjà filée. Mais il est heureux de sa beauté et de son insouciance. Seulement que ce n’est plus depuis longtemps du grain pour son bec. Mais à part des cailloux, franchement, qu’est-ce qui un jour lui a été vraiment destiné ?

Pas grave, de toute façon, c’est trop tard. Sa panse dépasse et déborde, ses cernes deviennent plus noirs et sa tristesse, son inénarrable tristesse, il fait ce qu’il peut pour qu’elle n’ait pas l’inconvenance de déborder elle aussi. Essayer de rester un peu digne.

Alors il ferme les yeux et continue de se taire d’une douleur muette et sourde.