Pensées vagabondes
Des semaines que je travaille tous les jours, où j’arrive épuisé le soir, m’écroulant sans façon sur mon canapé et mon chat pour un sommeil à peine réparateur. J’en viens, tellement je suis crevé, à ne plus trop marcher droit, à éviter les sources de bruits qui me deviennent agressives en me calant des protections auditives dans les étiquettes parfois. Et je bosse, je vais aux rendez-vous, et j’intègre comme je le peux ce qui est nécessaire et important pour parvenir à monter mon futur projet, qui me pompe littéralement toute énergie. Mais ne pas le faire, malgré cette fatigue qui s’entasse et m’écrase, serait suicidaire. Pas trop le choix. Sale temps quoi.
Je fume des clopes que je roule et qui me jaunissent les doigts. Je m’agrippe à cette tige blanche comme si elle m’assurait de tenir debout alors que la fumée s’étiole dans un vent devenu aigrelet. Tenir quand même. Penser à cette chanson de Dominique A…
Je cherche à monter mon auto-entreprise, en partant de rien. J’ai l’impression de passer à la lessiveuse tellement c’est intense et dense depuis que mon travail fut dézingué par des (noms d’oiseaux exotiques et rares, mais pas forcément beaux). Alors que dans le même temps, ce même travail est apprécié et reconnu par des gens qui, eux, m’impressionnent par leur production. Et surtout par leur vision. J’ai juste un peu de mal à comprendre où j’en suis vraiment. À comprendre où est ma place. Alors, en petite fourmi, j’essaye et j’essaye encore, sans trop y croire non plus. Parce qu’à bien y regarder, je ne sais faire que ça. Proposer une lecture du monde qui m’entoure. Avec mon regard. Vu que je n’ai que ça.
Aujourd’hui, j’ai fait ce que je devais faire, au mieux, va venir ce temps redouté où il va me falloir attendre. Le bon vouloir de, ou la réponse de tel autre. Bref, que faire de mes dix doigts, de mon temps maintenant ? Depuis des semaines, je suis incapable d’écouter quoi que ce soit tellement ça me déconcentre, aussi là, je mets de la musique. Réentendre Skinhead train de The Charmers, réentendre Delphine Mantoulet chanter Liberté pour le film éponyme de Tony Gatlif, réentendre les Ned’s Atomic Dustbin chanter Kill your television, Johny Cash et son vipérin Sam Hall !
Je ne sais pas trop où j’en suis, mais Victor Hugo disait que ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Alors je vais fumer une p’tite cibiche et y retourner…
Petite surprise en clopant, j’ai vu un faucon crécerelle traverser le ciel pluvieux entre les immeubles mouillés, sourire.
