Tours et détours du vilain garçon
Petit détour par le cinéma et la littérature d’abord.
D’abord, une première chose. Je me contrefous qu’on me dévoile l’histoire d’un livre ou d’un film. D’autant que je n’apprécie pas forcément les histoires qui ont besoin de ce « secret » pour tenir, entièrement bâtis qu’ils sont sur le suspense et le mindfuck. Ouaip… sans moi. Aucun intérêt.
Deuxième chose, je n’ai pas vraiment de vénération particulière pour la VO. M’en fous. Je ne suis pas linguiste ou je ne sais quoi. Et ce qui moi, m’intéresse dans un film, c’est l’image. J’ai besoin de la voir dans son entièreté pour la saisir et la comprendre, pas d’être ramené en bas, sur un sous-titrage souvent bâclé, à lire en diagonale. Donc ce pédantisme des tenants de la VO, bof.
J’ai vu beaucoup de films de Ken Loach, pas tous, mais pas mal. Sweet Sixteen – 2002, entre autres. Histoire d’un gamin de 16 ans, de Greenock en Écosse qui essaye de protéger sa mère et de s’en sortir, vainement, désespérément. Si l’histoire âpre et parfois très drôle m’a saisi, c’est pourtant un détail qui m’a séduit. La qualité du doublage. Et l’accent restitué de si belle façon et sans singer l’argot des cités, les nôtres.
Là, il faut lire Hubert Selby Jr. et ses deux livres, Last exit to Brooklyn et Retour à Brooklyn, superbement traduit, à tel point que l’argot new-yorkais des années 70, même transcrit en français, on le bouffe pleine gueule. L’accent cockney, je l’ai découvert en lisant L’assassin habite au 21. Je l’ai entendu, incompréhensible avec mon anglais à deux balles, dans les banlieues saturées de crachin de Manchester.
Entendu ensuite en découvrant la scène indie mancunienne des années 90. J’adore cet accent, populaire au possible, des common people. Si je fais référence à Pulp, ce n’est pas vraiment pour rien, si vous avez l’occase de voir le documentaire fait sur Jarvis Cocker, vous saisirez.
Plus tard, Sleaford mods. Rock alternatif agacé, on va dire. Puis Billy Nomates, faussement atone d’une colère sourde bien réelle. Kae Tempest, accent aussi à couper au couteau, d’une rogne rentrée. Et tant d’autres, que j’écoute en boucle, en écrivant surtout.
Il y a d’autres coups de cœur, de tout autre nature, plus littéraires, mais là, je vous confie ici du bien viscéral.
