Réflexions posées là…
Et, des remerciements, sincères
Hier, soirée de lancement de ce que je croyais n’être qu’un fanzine*. J’avais envoyé quelques mois plus tôt mon dossier, mais bien qu’il ne soit pas retenu, j’y avais participé financièrement, malgré ma bourse plate.
Parce que.
Parce que des gens qui se démènent pour faire exister un truc, je connais puisque je le vois, je le connais puisque je le vis. Et qu’à un moment donné, s’il n’y a pas un coup de pouce, malgré des loulous et des louloutes camés au 3615Kinenveu, ben le bazar, il finit par s’essouffler. C’est cruel, mais c’est la réalité, bien dure. Bien impitoyable. Méritocratie, mon cul !
Il y a eu, je ne sais plus combien de dossiers reçus, beaucoup. Certainement avec des qualités diverses, mais même après sélection, faire rentrer vingt photographes pour une publication, je crois que c’est le nombre au final, ça entraîne forcément des… Des quoi d’ailleurs ? Bref, tout le monde ne peut pas y entrer, quoi.
Un objet pareil demande tellement de choses en équilibre, de cohérence, qu’au final un dossier non retenu ne l’est peut-être même pas parce qu’il ne serait pas « bon », mais casserait cette cohérence si difficile à tenir sur cet ensemble. Il s’agit presque de musique à ce moment-là.
Et ce livre va me surprendre. De par son épaisseur, puis de par sa densité. Puis justement par son extrême cohérence, tant en termes de choix que de qualité des regards proposés. Mon dossier n’a pas été retenu et ce n’est peut-être pas plus mal au fond, pas sûr d’être à la hauteur en fait… Et c’est plein d’humilité, et avec la conscience du travail encore à accomplir, que je regagne mon chez-moi, mon chat qui miahurle pour tout et pour rien, me bricole un truc à béqueter et je me colle devant Le monde de demain.
Comment vous dire ?
J’avais vu Suprêmes et j’en suis ressorti scotché ! J’ai passé une semaine à tout réécouter des NTM, en boucle, encore et encore. Je trouvais juste certaines évocations peut-être trop pudiques (la drogue et la petite délinquance surtout). Donc, hier, je regarde une histoire que je crois connaître. Et ben non. Re-baffe dans la gueule. Et bien sentie !
Une des premières surprises a été de découvrir à quel point le graffe, la danse et la tchatche vont ensemble, de front. Pas l’un sans l’autre, impossible. C’est ce que j’aimais avec le triathlon, les entraînements croisés, le travail spécifique sur tels groupes musculaires puis sur telles aptitudes particulières, ce sont des entraînements où il est impossible de s’ennuyer, malgré la charge de travail que ça représente, juste pour la gloriole en plus ! Mais quel putain de plaisir ! Alors je n’ose même pas imaginer leur pied à eux en passant d’une discipline à une autre, avec autant d’aisance et de plaisir ! Le maître mot, le plaisir !
J’ai une envie, à la galerie où j’interviens modestement, envie partagée par le directeur et les autres galeristes, de sortir un peu de nos chapelles, un peu sclérosées parfois. J’ai envie d’intervention musicale, d’atelier d’écriture, bref, de dépasser l’horizon de nos cimaises, de voir plus, large, loin. Et ça demande d’être à la fois fidèle à nous-même, et en même temps de se remettre en question. C’est ce que vit intimement le personnage d’Élise dans En corps, c’est ce que je vis ici en soumettant mes écrits aux soins des autres, et c’est aussi ce que j’essaye de rendre en apportant des corrections et des questions que j’espère constructives. Ça ne va pas remplir mon frigo tout ça, loin de là, mais j’ai besoin de cet échange, ça m’est vital, essentiel. Pour me rendre compte aussi que je suis capable d’émerveillement, déjà, et c’est précieux, ça, merde !
Mais ça demande une très grande exigence, un profond respect du temps que les autres vont passer sur mes textes, et ici, après cette longue, très longue digression, je tenais à les remercier, chaleureusement. J’ai beaucoup aimé En corps, sur le mouvement et la fluidité des choses pour qu’elles restent vivantes, vibrantes. Avec Le monde de demain, là encore la danse et son souffle sont convoqués. Mon boîtier est en réparation, comme si j’étais blessé, comme s’il me fallait impérativement passer par un temps de pause, pour (pour un photographe, ça devient savoureux, bref). Pour de l’écriture ? Pour un autre projet un peu fou ?
On verra… Mais je veux. Et ça n’a rien d’un caprice. Il y a comme une exigence à être et à laquelle je tiens, irréductiblement. Même si ça ne remplit pas un frigo… M’en fout, je veux.
*Chabe ! premier numéro
