Mike Brodie

Ce que font les autres

Freight-hopping

Définition de La Bible du Grand voyageur

Si le train-stop consiste à monter gratuitement à bord d’un train de marchandises ou de passagers avec l’accord du contrôleur ou du conducteur, certaines personnes optent pour le freight-hopping, pratique consistant à monter illégalement dans un wagon le temps d’un trajet.

De ces deux techniques, l’une est légale et sans risque ; l’autre est interdite et dangereuse.

Dès son implantation, le train révolutionne la notion de distance, en reliant par la terre des villes très éloignées. D’abord réservé aux plus riches, il est utilisé clandestinement par les membres des classes ouvrières migrantes américaines à partir de la fin du XIXe siècle. Le phénomène s’étend ensuite à l’Europe et à la Russie puis s’amplifie durant la grande dépression des années trente, attirant de nouvelles classes de population : beat generation, hippies et cetera.

Le train-stop clandestin sur des wagons de marchandises ou freight-hopping permet de parcourir de longues distances en rase campagne, dans des régions quasi-désertiques.

Pour des raisons historiques, il s’agit d’une pratique bien ancrée dans l’imaginaire vagabond, qui est fortement associée à la culture des hoboes américains.

Le freight-hopping est une pratique illégale dans la plupart des pays et extrêmement dangereuse, car de nos jours, cette pratique est rendue difficile par l’intensification des contrôles de sécurité antigangs et antiterroristes. Malgré tout, quelques aventuriers contemporains continuent de profiter du trajet des marchandises pour voyager sur les trains de fret.

Le vagabond, le train et la photo

Traduction et compilation de plusieurs articles

Mike Brodie naît en 1985 en Arizona et grandi dans une famille dysfonctionnelle. En 2002, à l’âge de 17 ans, il fait sa première expérience de train-hopping depuis sa ville de résidence à Pensacola, en Floride. En quelques jours, avec ce train, il fera l’aller-retour jusqu’à Jacksonville. C’était un voyage court, mais qui a déclenché en lui une passion pour le train-hopping et l’exploration.

Depuis 2002, Brodie a couvert plus de 50 000 miles (soit près de 80 000 km.) et visité 48 États américains sur plus de 170 trains de marchandises différents, comprenant aussi l’auto-stop et la marche.

La photographie a commencé pour lui en 2004, après qu’il ait trouvé un appareil photo Polaroid SX-70 négligé caché derrière le siège auto d’un ami. Les images qu’il en a tiré sont devenues populaires en ligne où il gagnera le surnom de The Polaroid Kidd. Les films ne seront plus produits depuis 2006 par Polaroid, désormais, il photographiera en 35 mm avec un Nikon F3. Brodie a passé les quatre années suivantes de circumambulation autour des États-Unis à amasser une archive photographique de plus de 7 000 clichés qui en fait l’une des rares véritables collections photographiques de voyages américains.

En 2008, Brodie a reçu le Prix Baum (Artiste américain émergent). Un nouveau livre, « A Period of Juvenile Prosperity » publiée en édition limitée par Twin Palms documentant la période 2006-2009 est sorti début 2013, suivie de nombreuses expositions en galerie.

Une consécration pour cet artiste qui n’a jamais eu l’intention de publier ses images. N’ayant reçu aucune formation photographique formelle, il a choisi de rester libre des pressions et des attentes du marché de l’art.

Brodie a compulsivement documenté ses explorations et aussi soudainement qu’il a commencé à faire des photos, il a quitté le milieu.

Récemment diplômé à la Nashville Auto Diesel College (CNDA), il travaille actuellement en tant que mécanicien diesel mobile dans son 93 Dodge Ram argent. Bien qu’il ait cessé de faire des photos, le corpus de son travail produit en quatre courtes et intenses années a laissé un impact durable dans le monde de la photo.

Ses photographies illustrent en grande partie ce qu’il qualifie de « culture du voyage » à savoir les trains-hoppers, les vagabonds, les squatters et les hoboes.

Le critique Vince Aletti dit des photos du livre semblant presque d’un autre temps, déterminé par le choix du film 35 mm relativement peu cher : « même si vous n’êtes pas intrigué par la cohorte bohème et hétéroclite de Brodie – une bande de marginaux avec un sens infaillible du style post-punk – la taille intimiste et chaleureuse, la couleur un peu terne de ses images sont séduisantes… Ses portraits ont une tendre acuité qu’il est rare d’avoir à cet âge ». Des images prises au vif capturant la dure réalité du voyage : la saleté, le sang, l’effort, et au bout du compte une bande de voyageurs qui partagent le défi et les triomphes de la vie.

Voyager à bord des trains pendant des années, comme il l’a fait, créé un sens de la famille. Beaucoup de personnes qui figurent dans le livre sont des petites amies et des amis proches, et ils sont devenus un groupe très soudé.

Brodie dit que la plupart des gens dans le livre sont fiers d’en faire partie et qu’il n’a plus autant de temps pour sa vie comme peut l’avoir un train-hopper.

Au fil des ans, s’il n’était pas dans un train, il était proche d’une gare de triage.

À savoir aussi qu’une de ses inspirations a été les paroles d’une chanson d’un groupe folk punk, This bike is a pipe bomb, intitulée Trains and cops.

I live down by the railroad tracks.

Je vis par la voie ferrée.

One of these days I wanna hop on board a train rolling down the line.

Un de ces jours, je voudrais sauter à bord d’un train roulant sur la ligne.

I won’t care where it takes me because as long as I’m moving fast,

Je me fiche où il me prendra tant que je bouge vite,

Call it easy riding, call it hard traveling ;

Appelez ça un voyage facile, appelez ça un voyage difficile ;

I won’t mind. I won’t mind at all where I’m going.

Je m’en fous. Je m’en fous où je vais.

It can take me east or west I don’t care.

Il peut me prendre à l’est ou à l’ouest, je ne m’inquiète pas.

By that time I’ll be glad to be most anywhere.

En ce moment, je serai heureux d’être n’importe où.

Don’t that sound quite alright by me.

Que ce bruit ne me quitte jamais.

I won’t mind at all where I’m going.

Je m’en fous où je vais.

There’s a police station just down the street from here.

Il y a un poste de police juste en bas de la rue.

I imagine one day there’s gonna be a good ol’ boy

J’imagine qu’un jour, il va y avoir un bon vieux garçon

Trying to pick me up for something I didn’t do.

Essayant de me pincer pour quelque chose que je n’ai pas fait.

I won’t care where he takes me. As long as I’m still alive,

Je me fiche où il me prendra. Tant que je suis encore en vie,

As long as I’m still breathing and my fingers are picking out songs I won’t mind.

Tant que je respire encore et que mes doigts cueillent des chansons, je m’en fous.

I won’t mind at all where I’m going. He can haul my ass to jail I don’t care.

Je m’en fous où je vais. Il peut foutre mon cul en prison, je ne m’inquiète pas.

Citations

« Je dirais que je ne cherchais pas à saisir quoi que ce soit, parce que ce n’était pas très volontaire ; ce n’était pas un projet artistique ; je voulais juste que ce soit comme une manœuvre désespérée lors d’un match de football américain. Juste jeter la balle et voir ce qui se passe. »

« Vivez tous les jours avec votre appareil, vous comprendrez vite comment il marche. »

« Un jour, je suis tombé sur un livre de portraits de Steve McCurry, le photographe du National Geographic. Je m’en suis inspiré, et je me disais que j’allais prendre des portraits comme lui, alors je suis sorti dans le monde et fait de mon mieux pour obtenir de bonnes photos des gens et des endroits que je jugeais important pour moi. »

« Ce petit cercle fermé maintient un lien très fort de la même manière que vous le feriez avec la famille, même si la famille vit à 3 000 miles de là, à garder un œil sur l’endroit où ils vont et pourquoi. La différence est que ces familles voyagent beaucoup. »

« Mon amie et moi sommes descendus d’un train dans le Maryland et n’étions pas douchés depuis cinq jours, on a eu un Super 8 Motel et elle lavait son pantalon dans la baignoire. C’est pourquoi l’eau était tellement sale : la graisse du train. »

« Je ne regrette pas le temps passé sur les trains parce que je peux y revenir n’importe quand, c’est un pays libre. »

Exposition

2013

  • Mars, M+B Gallery, Los Angeles, CA
  • Mars, Yossi Milo Gallery, New York, NY
  • Septembre, Stephen Wirtz Gallery,San Francisco, CA

2007

  • Ridin’ Dirty Face, Needles and Pens, San Francisco, CA
  • Tones of Dirt and Bone, Bonni Benrubi Gallery, New York, NY

2006

  • Tones of Dirt and Bone, M+B Gallery, Los Angeles, CA
  • Homesteadaz, Get This! Gallery, Atlanta, GA

Revue de presse

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