Making-of

Refus de mourir, refus plein, entier, total.

Alors dire dans une dernière création, l’abus dont il fut victime tout gamin par un prêtre. Enfin arriver à l’exprimer.

Et commence alors pour Jean-Baptiste Carhaix une folle course contre la Mort, pour mener à bien ce projet ultime. Des pièces – brassards, nœuds, couronnes et robes – toutes blanches et immaculées, pourtant percées de pointes sanguinolentes, celles de la couronne d’épines. Le discours est implacable alors que Jean-Baptiste peine, lui, à trouver chaque jour les forces nécessaires pour cette réalisation. Pourtant son œil, lui, dit toute sa détermination, sa colère. Et sa vision.

Plus que jamais je l’assiste, je l’aide, j’anticipe. Et plus que jamais je sais que je photographie cette présence odieuse et absolue qu’est la Mort. Plus que jamais j’assiste à cette lutte entre les Ténèbres qui s’avancent irrémédiablement et la clarté pénétrante de sa création. Plus que jamais je me sens impuissant et je réalise mes photos entre tristesse anticipée et pudique, et leçon de courage absolue. C’est cette image que je garderais de lui, pas celle, jamais, de sa déchéance physique. Parce que ses yeux hurlaient sa détermination comme jamais à la défier cette Mort, celle-là même qui emporta tant de ses amis par le Sida et à laquelle, à travers toutes ses œuvres, il a cherché à faire la nique.

Jean-Baptiste est décédé le 7 mars 2023 sans pouvoir aboutir ce dernier travail, ne reste que ces quelques images prises entre septembre 2022 et janvier 2023. Rest in paillette my friend, au Paradisco nous nous retrouverons et alors nous ferons une fête de tous les diables.