Et de surprises en surprises
Arles.
Les Rencontres.
C’est ma première fois.
Une semaine intensive où il va s’agir d’aider à monter l’expo rétrospective de l’année écoulée et ensuite de faire de la médiation artistique.
Intense donc.
J’ai eu deux fois, deux petites fois, l’opportunité de m’ « échapper ».
La première pour découvrir le travail d’un mec que je rencontre pour la première fois, solaire au possible. Et je n’ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit en arrivant dans son antre, qu’il me prend tout à trac en me disant que si j’ai des portfolios à montrer, c’est maintenant, deux journalistes sont là, et c’est maintenant.
Ah.
Je viens voir le travail des autres et c’est à moi de montrer mon mien de travail ? Je me bagarre avec une connexion internet de m*rde – l’épaisseur des murs et l’étroitesse des rues, c’est vite fâcheux – et fini par montrer sur l’écran d’un smartphone qui rame, deux travaux personnels. Un travail en monochrome fait pendant deux ans lors d’une masterclass avec Rémy Mathieu, sur la nuit, Là où les anges égarés se fêlent… ; et un travail en noir et blanc, de deux ans aussi, sur les coulisses de la création d’un grand monsieur de la photographie, Jean-Baptiste Carhaix, disparu en début d’année. C’est ce travail-ci qui retiendra l’attention du rédac chef – d’une gentillesse ! à louer ! Une fois rentré chez moi, je m’échine à rédiger une note d’intention sur ce projet, ce qui fait remonter une foutue vague de tristesse et d’émotion. Mais ce monsieur pour qui j’ai été assistant, avant de partir au Paradisco, m’avait demandé de montrer mon travail, paraîtrait-il qu’il en vaut la peine.
Ah.
J’ai tout de même réussi à voir le travail de mon traquenardeur, après une belle discussion sur le rapport à l’image et deux pastis, à jeun. Et je suis ravi d’être venu, parce que c’est vraiment, mais vraiment bien. J’ai encore ses portraits à développer et à lui envoyer. Vraiment une belle personne.
Pendant cette discussion, on me conseille une exposition à voir absolument. S’il faut n’en voir qu’une, c’est celle-ci. Celle de Saul Leiter.
Saul Leiter.
Ce maître coloriste.
Ce photographe qui dans mon panthéon personnel est placé très haut, et je peux, si je parviens à voler une heure ou deux, voir ses photos pour de la vraie ?
Je fais mon possible pour que mon travail soit fait, que je ne retarde personne et demande gentiment si je peux m’absenter.
Et là, je me suis ramassé une claque esthétique. Dieu que c’est beau ! J’ai refait trois fois le tour de l’exposition, pour les voir une à une, puis dans leur ensemble, m’imprégner de la scénographie, du rythme. Une claque, vous dis-je. Je sais, je dois être facilement impressionnable.
En rentrant, comme des planètes qui s’alignent, on me parle de Harry Gruyaert. Un autre pionnier de la photographie en couleur. Et sur arte.tv, un documentaire à son sujet (à découvrir !).
Dès le lundi, au boulot, j’ai deux reportages déjà de prévus pour la rentrée, dont l’un est aussi sur des coulisses de création, et on me demande de faire moi aussi un travail sur la couleur. Rien de moins.
Apnée.
