Mes coups de cœurs
DOCUMENTAIRES
Que ce soit pour le monde animal, dangereux ou extrêmement farouche, l’approche, à mon sens, du travail d’un documentaire va sensiblement être la même pour des hommes en situation d’extrême pauvreté. J’ai eu la surprise de voir que ces trois documentaires sont visibles sur des plateformes de vidéos. À vous de voir.
- Léopards de mer, le Seigneur des Glaces : à la poursuite du super prédateur de l’Antarctique – 2018 – Jean-François Barthod – 52mn
Faire face à ses peurs, tel pourrait être le viatique de ce documentaire singulier. Göran Ehlmé, spécialiste des plongées en eaux froides, est en effet hanté par une rencontre terrifiante faites quelques années plus tôt avec un léopard des mers. Ce seigneur des glaces est un phoque de 300 kilogrammes pour 3 mètres de long en moyenne. Animal méconnu, il reste terrifiant par ses déplacements agiles et reptiliens dans son milieu. Ses crocs sont tout aussi bien capable de filtrer du krill que de chasser des phoques ou des manchots. Dépasser ses peurs donc. Et ramener des images à la fois terrifiantes et douces.
- National Geographic – Penny le puma des Andes – 1996 – Hugh Miles – 48mn
C’est peut-être le surnom donné au puma par les Indiens qui m’a séduit, le fantôme doré. Peut-être aussi cette relation de confiance établie entre Hugh Miles et cette jeune femelle qu’il va suivre pendant des mois, des années dans une région extrême de la Patagonie. Alors, plutôt que de parler de l’excellent Panthère des neiges – Vincent Munier, Marie Amiguet – 2021 -, César du meilleur film documentaire tout de même, je préfère me souvenir de ce « vieux » documentaire découvert il y a déjà quelques années et qui longtemps m’a hanté de par sa finesse d’observation, sa patience, le tact que cela demande pour capter des images aussi époustouflantes.
- Dans les entrailles de New York – 2008 – Chantal Lasbats – 52mn
Lors de mon voyage en Roumanie, un an après la chute de Ceausescu, et au vu de l’extrême pauvreté que j’y ai parfois rencontrée, je n’avais qu’à peine été surpris d’apprendre que des enfants s’étaient réfugiés dans les égouts de Bucarest et y survivaient comme ils le pouvaient.
Mais de découvrir la réalité des hommes taupes vivant dans les sous-sols de New-York depuis la guerre du Vietnam, m’avait estomaqué. La petite équipe de tournage de Chantal Lasbats a documenté pendant près de trois mois les dessous d’une ville gigantesque qui ne se doute pas un seul instant que des gens vivent sous leurs pieds. Composés de marginaux, de déclassés, de malades mentaux, de familles et de gangs. C’est une plongée vertigineuse et hallucinante qui est faite dans cette communauté d’invisibles faite d’hommes, de femmes et d’enfants. Il faut un courage et une délicatesse indicible pour documenter ainsi l’extrême pauvreté et nous éveiller sur la réalité du monde.
TRAVAUX PHOTO
- Paris au temps du coronavirus – 2020 – Éric Bouvet
Éric Bouvet est un photoreporter d’un genre un peu particulier. Les théâtres de guerre, il connaît, jusqu’à l’Ukraine. Et son approche photographique, emprunte de bienveillance et d’une lucidité extrême, l’amène à travailler à la chambre depuis 2011. Alors qu’autour de lui tout n’est que chaos, scènes mouvantes et continuellement changeantes, lui prend le temps de poser son trépied, d’effectuer les réglages de sa chambre photographique et ne prend alors qu’un seul cliché.
Lors du confinement, Paris est, pour la première fois de son histoire sûrement, déserte et lui trimballe son lourd matériel dans cette ville vide. Regardez bien le sens aigu du cadrage, en perpétuel déséquilibre de ses images. C’est exceptionnel de délicatesse pour dire tout en subtilité ce profond changement que nous avons tous vécu.
- Vider Paris – 2020 – Nicolas Moulin
Le début des années 2000, le début de Photoshop, l’envie de « jouer » avec les images et de leur insuffler un air de Philp K Dick, voilà pour l’histoire de cette série. « Présenter et produire un vertige où se mêlent fascination et effroi, sous un ciel bleu impeccable », comme un temps suspendu, un juste après. Les cadrages sont presque classiques, mais là encore de très légers décadrages qui tendent au déséquilibre, où les ombres participent à la structuration de l’image, rendent ces clichés très particuliers. Et, ce n’est finalement qu’en deuxième lecture qu’on devine ce qui cloche vraiment. Les étages sont murés jusqu’au deuxième étage. Pourquoi ? L’énigme reste entière. Et permet de percevoir quelque chose de glaçant, d’effroyable. Une variation sur ce thème dans d’autres travaux à voir aussi, tellement son travail explore ce qui nous semblait n’être que dystopie et que nous avons bel et bien pu vivre. Pas besoin d’être gore pour être réellement effrayant.
MUSIQUES
Parce que j’avais été littéralement scotché par le clip vidéo des Run DMC, reprenant Walk this way d’Aerosmith. Reprise qui influencera grandement, de par leur son, d’autres groupes comme les Red hot chili pepers.
Mais aussi par cet album hargneux au possible, Body count, et ce titre ultra polémique, mais vachement bien senti, Cop killer. Du rap métal, rien de moins, et à la manœuvre de ce furieux poids lourd, Ice-T. Lui-même.
Donc voici qui suit trois artistes qui, selon moi, sont dans cette « tradition ». Celui du mélange de genres qui a priori n’ont pas à se mélanger, mais qui font de sacrées étincelles lorsque ça se produit. Pour un beau feu d’artifice, sauvage, comme on les aime.
- Skunk Anansie
1994, et la fusion extrêmement électrique du métal, du punk et du funk a lieu de par la voix féline et furieuse de Skin accompagnée par Cass, Ace et Mark. Où le hurlement fait femme, et pas dans le gentillet. Oubliez vite le rose pour les filles et les couettes blonde, Skin hurle à plein poumon des textes féministes engagés et sans concession. Elle est black, a le crâne rasé et une présence scénique infernale. Que ce soit dit.
- Lenny Kravitz
Plus variétoche pour moi le zigue, pourtant. Il réussit le mélange fou du son d’un Jimi Hendrix, d’un Prince, d’un James Brown pour ne citer qu’eux. Et ce n’est pas une mince performance à bien y réécouter. Parce que ça envoie salement du bois son truc, et mes délicatesses de mijaurée pourront aller se faire voir sur ce coup. Oui, c’est certes plus calibré radio FM, ses balades notamment, mais il fait sacrément bien le job le mecton. On ne va quand même pas bouder son plaisir, ce serait un peu idiot, non ?
- Skip the Use
Mat Bastard et ses zigues mélangent dans un joyeux bordel survitaminé du punk, du métal, du funk, du ska, du rap et j’en passe. Vous regarderez votre jus multifruit d’un autre œil après les avoir écoutés, parce que ça ne s’arrête jamais leur truc et que ça fait salement bouger les gambettes. Pas étonnant que Mat Bastard ait ensuite collaboré avec les Nine inch nails, ces rois du collage de sons éclectiques et plutôt brutaux. Encore !
