Atelier d’écriture #2

1 – Commencer par « aujourd’hui » et insérer les mots dictés par surprise au fur et à mesure de l’écriture

Aujourd’hui, alors que dehors, les éléments se déchaînaient, Anne-Lise prenait plaisir à rester un peu au chaud plus longtemps sous la couette. La balade à bicyclette d’hier l’avait éreintée, mais il faisait encore beau. Seule la perte de la girafe Sophie de sa fille avait éraillé cette journée. À midi, une omelette aux champignons avait permis de détendre l’atmosphère et au dessert, un fou-rire les avait prises avec cette histoire farfelue de doigt de pied qui sortait de la chaussette verte ce matin en s’habillant.

2 – Écrivez un dialogue entre la Folie et l’Amour

Jean de La Fontaine est un poète français né à Château-Thierry le 8 juillet 1621. Fils de Charles de La Fontaine et de Françoise Pidoux, il passe ses premières années à Château-Thierry, dans un hôtel particulier qui est aujourd’hui un musée à la mémoire de l’écrivain. Il étudie d’abord le latin puis rentre à l’Oratoire. Un an plus tard, il abandonne ses études religieuses (1642) pour reprendre ses études de droit. En 1649, il obtient son diplôme d’avocat au Parlement de Paris. En 1647, il fait un mariage de complaisance avec Marie Héricart, fille d’un lieutenant de baillis. Elle lui donne un fils dont il s’occupe fort peu. Il délaisse rapidement sa femme, lui préférant la fréquentation de la société libertine parisienne. En 1652, il acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle il cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Il la revend en 1672. En 1654, il débute une carrière de poète, mais son œuvre passe complètement inaperçue. En 1658, son père meurt, lui laissant de nombreuses dettes. Il entre au service de Fouquet, surintendant des finances qu’il soutient publiquement après son arrestation (ordonnée par Louis XIV). Ce dernier lui verse une rente jusqu’en 1661. En 1663, il part se réfugier dans le Limousin, accompagnant son oncle exilé. En 1664, il entre au service des Duchesses de Bouillon et d’Orléans en qualité de gentilhomme. Il assure ainsi son anoblissement. C’est aussi à cette époque qu’il entre sur la scène littéraire. En 1672, à la mort de la Duchesse d’Orléans, La Fontaine connaît de nouvelles difficultés financières, car il n’a plus de revenus. Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673, et ce, jusqu’à sa mort en 1693. Elle pourvoit à ses besoins. En 1684, il est élu à l’Académie française où ses prises de position et amitiés lui valent nombres déboires. Ses Fables sont publiées en trois recueils entre 1668 et 1694. Il est également auteur de contes et de nouvelles, de pièces de théâtre, et même de livret d’opéra, où se confirme l’ambition de moraliste dont il fait montre dans ses fables. Il meurt à Paris le 13 avril 1695.

Invitation de la Folie !
La Folie décida d’inviter ses amis pour prendre un café chez elle.
Tous les invités y allèrent.
Après le café la Folie proposa :
– On joue à cache-cache ?
– Cache-cache ? C’est quoi, ça ? demanda la Curiosité.
– Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu’à cent et vous vous cachez. Quand j’ai fini de compter… je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à compter.
Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.
– 1, 2, 3… La Folie commença à compter.
L’Empressement se cacha le premier, n’importe où.
La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d’arbre.
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d’endroit approprié pour se cacher.
L’Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.
La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir était désespéré en voyant que la Folie était déjà à 99.
– CENT ! cria la Folie, je vais commencer à chercher…
La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n’avait pu s’empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert.
En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d’une clôture ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché.
Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité…
Quand ils étaient tous réunis, la Curiosité demanda :
Où est l’Amour ?
Personne ne l’avait vu.
La Folie commença à le chercher. Elle chercha au-dessus d’une montagne, dans les rivières au pied des rochers.
Mais elle ne trouvait pas l’Amour.
Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, prit un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri : C’était l’Amour, qui criait parce qu’une épine lui avait crevé un œil.
La Folie ne savait pas quoi faire. Elle s’excusa, implora l’Amour pour avoir son pardon et alla jusqu’à lui promettre de le suivre pour toujours.
L’Amour accepta les excuses.
Aujourd’hui,
L’Amour est aveugle et la Folie l’accompagne toujours…

– Amour, tenez donc mon bras, nous allons aujourd’hui visiter ce charmant couple dont je vous ai parlé hier.
– Oui, il me tarde de les découvrir, votre description hier soir au coin du feu m’a beaucoup touchée.
– Ils se connaissent depuis fort longtemps, et leurs sentiments ont mis du temps à poindre, peut-être eût-il fallu plus de folie…
– Oh ! Ils en auront bien le temps une fois que nous les aurons visités.
– Effectivement, et pour cela les conseils de la Patience m’auront été fort utiles.
– Pour une fois, que vous n’allez pas tête baissée et que vous m’attendez, je salue d’ailleurs vos efforts pour me permettre ensuite de dévoiler tout en douceur leurs émois l’un pour l’autre.

3 – Écrire un dialogue dans lequel une personne demande à une autre de l’« aider à naître »

Charles Juliet est un écrivain français né à Jujurieux dans l’Ain le 30 septembre 1934. Quatrième enfant d’une famille pauvre, il a un mois lorsque sa mère biologique est internée dans un hôpital psychiatrique, à la suite d’une tentative de suicide et pour son état mental dépressif. Il est ensuite placé à l’âge de trois mois dans une famille de paysans suisse qu’il ne quittera plus. À douze ans, il entre dans une école militaire à Aix dont il ressortira à l’âge de vingt ans, pour être admis à l’École de Santé Militaire de Lyon. Trois ans plus tard, il abandonne ses études de médecine pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Il travaille quinze ans dans la solitude avant de voir paraître son premier livre, Fragments préfacé par George Haldas – Meurtre ou sacrifice. De ces « années lentes » remontent également des rencontres importantes avec d’autres artistes (Michel Leiris, Bram van Velde, Raoul Ubac, Pierre Soulages, Samuel Beckett…). Il reçoit la reconnaissance du public avec L’Année de l’éveil – Grand Prix des lectrices Elle 1989 -, récit romancé de son expérience d’enfant de troupe. Il publie également aux éditions P.O.L. un important Journal – tenu depuis 1957 – en plusieurs volumes. En 2010, il reçoit le Prix Jean Morer pour l’ensemble de son œuvre. Ses poèmes et autres ouvrages sont traduits en allemand, espagnol, italien, anglais, polonais, vietnamien, turc, coréen, chinois. Il a réalisé plusieurs séries d’émissions à France Culture et deux pièces radiophoniques ont été diffusées sur les antennes de cette station. En 2013, il a reçu le Prix Goncourt de la poésie, pour l’ensemble de son œuvre et, en 2017, le Grand Prix de littérature de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre.

Moisson
Résumé
Ce livre, s’il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente, mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l’itinéraire de l’auteur : Enfance, Effondrement, mais aussi Ouverture, Avancée, Lueurs…

Extrait
toi qui t’abreuves
aux sources profondes
qui jouit de la réponse
sans avoir eu
à poser la question

qui te confonds
avec la terre
de mes collines

qui a connu
tant de saisons
d’heures torrides
de nuits où
les pierres éclataient

ouvre-moi
le chemin

assiste-moi
au long
de la spirale

aide-moi
à naître

– Je suis tellement empêtré, là, maintenant, tout m’enserre et je ne puis respirer à mon aise. Peux-tu, toi, là-bas, prendre un peu de ton temps et de ta vitalité pour m’aider à me libérer, à naître ?
– Mais d’abord qui es-tu ? Et pourquoi donc, alors que je goûte à la quiétude, irais-je me fourbir dans des efforts ?
– Mais peut-être que l’être que tu permettras de devenir ainsi, pourra partager avec toi ces doux moments ?
– Mais la solitude me sied parfaitement !
– Ne vous a-t-on pas permis, un jour, de devenir ?
– Je ne m’en souviens plus, c’est si loin.
– Et vous êtes devenu tellement égoïste aussi… Je suis certain, alors que tout à ce jour m’oppresse tant qu’une fois délivré, je procéderai aussi à votre naissance, aux autres. Je vous le commande donc, pour notre bien à tous deux, de m’aider sur-le-champ, à naître.