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Et vous trouvez ça drôle ?
Oh oui !
Je prépare du riz pour une salade, le chat miaule sa race de ses morts de faim alors que sa gamelle est pleine. Nan, mais Madame veut, exige plutôt, une caresse, là, délicatement le long de son dos avant d’aller bâfrer comme une morfale en bavant. Oui, mon chat, en plus de râler, bave. En ronronnant et en bâfrant. Quel bien étrange animal. C’est un spectacle ô combien affligeant et néanmoins hypnotisant auquel j’assiste, presque horrifié, lorsque la cloche sonne guillerettement, que ça ne perturbe même pas mon sac de poil, grand bien lui fasse.
J’ouvre et un sans-gêne* me trompette à la figure. Je me retrouve enseveli sous un déluge de cotillons, de serpentins, de confettis. Mais d’un coup. Genre vrac. Plof. Enseveli, au sens premier, je ne peux plus bouger, il n’y a plus que ma tête estomaquée qui en dépasse. Je postillonne des confettis, peuh, peuh, peuh que je fais. Et une fanfare du diable se met à fanfarer, que mes tympans ils en couinent des étincelles du déluge de trompettes, de cors, de tubas, tout ces putains de cuivres à la con rythmés par une grosse caisse tout aussi conne. Et que je te boum et boum et reboumboumBOUM ! Et des majorettes défilent, jeté de bâton et tout. Mais c’est quoi ce bordel, bordel ?! Là, un type, petit, genre physique ingrat, chétif, pas gâté par la nature, mais maquillé à la taloche genre clown avec son tarin rouge se met à balancer des vannes au micro. Niveau carambar bien gras. Le truc qui colle et qui est con. Moi ça ne me fait pas rire du tout cette plaisanterie, mais alors pas du tout, et je tempête immobile, tout enseveli que je suis, sur mon paillasson, en chaussettes et en calcif. Et ils s’en rendent compte. Que ça ne fait pas l’effet escompté. Ça a mis du temps à monter au cervelet, mais ils percutent enfin. Alors petit à petit tout ce petit monde bariolé s’arrête et de danser et de gesticuler et de trompetter et de boumboumer et me regarde. Inquiet.
Vous zêtes qui vous, que je persifle.
Ben le Rire.
Je le regarde de haut, facile en même temps.
Ah… que je lâche.
Silence. Gêné. Je vois que là-bas, au fond, les majorettes préfèrent s’éclipser, penaudes, suivit de la fanfare. Bientôt plus personne en dehors de moi, des cotillons et du gus. Mon chat déambule interrogativement entre les instruments oubliés, les papiers, les chapeaux et toutes ces taches de couleurs primaires.
C’était quoi tout ce cirque ?
Et il me pose une question en réponse à ma question, l’impertinent de malotru à la gomme. Chose que je déteste, le machin du niveau CAP force de vente première année.
Vous ne seriez pas anglais ?
What ?!
Ah ! c’est ce que je me disais aussi, nous n’étions pas vraiment sûr que l’humour à la française vous siérait, nous l’avons tout de même tenté, parce que nous, ça nous fait rire
Ben vous zêtes bien les seuls que je re-persifle entre deux confettis.
Oui, oui, nous allons le prendre en compte et nous revien
Non.
Quoi non ?
Vous ne reviendrez pas.
Silence.
Je comprends Monsieur, et une courbette, désolé pour le dérangement, et une courbette, passez une bonne journée, Monsieur, et une courbette, et mon obséquieux se barre en me saluant d’un mouvement de chapeau, et une dernière courbette. Me laissant, là, immobile dans mes cotillons. Mon chat me regarde, ce rigolard, miaule et se barre. Lui aussi. Pignoufs.
–
*il existe tout un tas de sifflet sans gêne, ou mirliton, ou langue de belle-mère, de toutes les couleurs, ce truc dans lequel on souffle à plein poumon lorsqu’on est fin bourré un Jour de l’An à t’en faire péter les tympans, je parle d’expérience
