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Eh ! Vous deux !
Pas un pour rattraper l’autre, j’vous jure !
Je suis là, hein, peinard quoi, à siroter un verre d’eau, même pas à bulles, le regard dans le vide cathodique quand d’un coup, d’un seul, ma cloche d’entrée se met en infernale cacophonie de ding et de dong, me faisant sursauter, faisant sursauter le chat, même les plantes et la poussière, c’est vous dire. Tout ce petit monde a à peine eu le temps de retomber, ou de fuir pour le plus courageux, grand bien lui fasse (pensées pour toi, Tigrou des canapés), que je suis à la porte, que j’ouvre.
Et là, deux types, un petit con nerveux et un grand con tout aussi nerveux s’étripent à grands coups de cinglances verbales, là, tranquillou, sur mon paillasson, qui en a vu d’autres, mais tout de même. Je reste coi. Deux versions de moi, l’une qui visiblement n’a pas encore de poil au menton et l’autre qui n’en a que là, blanchi, et qui s’énervent l’une contre l’autre, et s’invectivent et parlent mal, Dieu du ciel que je peux être ordurier, merde parfois, bordel ! J’ai l’impression d’être dans une Bd de Fluide Glacial, avec des bulles vertes, des zœils à moitié bovin et surtout cons et des gus qui s’écharpent à qui mieux mieux façon pas crédible du tout, du tout, du tout. Merci Édika.
Marre.
Fin de la récrée que je siffle, et comme je n’ai pas de sifflet, je beugle dans le cornet. Et puis fort, histoire d’être compris illico presto, pas que ça à foutre, bordel ! (ah oui, revoir ma parlure, moi, je note). En attendant, c’est free style.
[spéciale dédicace au cap’tain’ Haddock, mes frères !]
…
[putain ! pourquoi que vous avez censuré ?! c’était mon heure de gloire, là !]
Sgrogneugneu…
Bref, je leur fais un laïus long comme le bras sur la nécessité de vivre l’instant présent et de ne pas s’appesantir sur le passé ni d’avoir de crainte quant à l’avenir, et de le voir plein de promesses et tout et tout que je me fais couper la chique par mes deux temporalités : que c’est trop long et que je les fais chier (je parle si mal que ça, moi ?) et qu’ils ont pas que ça à foutre (apparemment, oui, je parle si mal que ça, mazette) et qu’ils me laissent m’abrutir devant ma télé avec mon chat con sur les genoux. Me laissant, là, en calcif et en chaussettes sur le paillasson avec la lourde qui se referme derrière moi.
Clac.
Je le vis bien, là, l’instant présent, à la porte de chez moi, sans clés, sans portable et avec le chat trop content d’être enfin seul à l’intérieur et qui cherche déjà où sont planqué les croquettes. Bon, ils sont où ces deux cons ?
